Thursday, April 21, 2011

L'invasion du Vietnam au Kampuchea en 1978-1979

L’intervention du Vietnam au Kampuchea en 1978-1979


Après la de prise de Phnom-Penh en avril 1975, le gouvernement du Kampuchea démocratique est instauré par les Khmers rouges le 15 avril 1976 par MM. Khieu Samphan, Pol Pot et Ieng Sary. Grâce à l'offensive conjuguée des forces révolutionnaires (Front uni pour le salut national du Kampuchea) et de l'armée vietnamienne le gouvernement des Khmers rouges est renversé.

Un conseil révolutionnaire du peuple a été institué le 8 janvier 1979 sous la présidence de M. Heng Samrin . Le 18 février 1979 à Phnom-Penh un traité de paix, d'amitié et de coopération est conclu entre le Cambodge et le Viet Nam. (Ch. Rousseau, « Chronique des faits internationaux », RGDIP, 1979, II, p. 757 et 1009)

Position officielle de l’ONU

Le 14 novembre 1979, l'Assemblée Générale des Nations Unies adopte la résolution 34/22 intitulée la situation au Kampuchea :

« Notant avec une profonde préoccupation que le conflit armé au Kampuchea s'est aggravé et menace sérieusement la paix et la stabilité de l'Asie du Sud-Est,

Regrettant profondément l'intervention armée de forces extérieures dans les affaires intérieures du Kampuchea,[...]

Réaffirmant le droit de tous les peuples de déterminer leur propre avenir en dehors de toute ingérence étrangère ;

Soulignant que tous les Etats doivent s'abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force contre la souveraineté, l'intégrité territoriale ou l'indépendance de tout Etat, et se conformer strictement aux principes du règlement pacifique des différends et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'autres Etats.[...] ;

7. Demande le retrait immédiat de toutes les forces étrangères du Kampuchea et engage tous les Etats à s'abstenir de tout acte ou menace d'agression et de toute forme d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats de l'Asie du Sud-Est ;

9. Fait appel à tous les Etats pour qu'ils s'abstiennent de toute ingérence dans les affaires intérieures au Kampuchea de façon à permettre à la population de décider de son propre avenir et de son destin en dehors de toute ingérence , subversion ou coercition extérieures et pour qu'ils respectent scrupuleusement la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance du Kampuchea ;

10. Décide que le peuple du Kampuchea doit avoir la possibilité de choisir démocratiquement son propre gouvernement en dehors de toute ingérence, subversion ou coercition extérieures ;

11. Prie le Secrétaire général de suivre de près la situation et d'exercer ses bons offices afin de contribuer à la solution pacifique du problème [...] ».


Positions officielles des Etats

Viet Nam

« [...]Pour voir clair dans le problème du Kampuchea, il conviendrait de faire une distinction nette entre deux guerres : d'une part, la guerre de frontières déclenchée par la clique de Pol Pot- Ieng Sary contre le Viet Nam à laquelle le peuple vietnamien a été obligé de faire face et, d'autre part, la guerre révolutionnaire du peuple Kampuchéen contre le joug dictatorial de la clique Pol Pot-Ieng Sary, instrument aux mains des cercles dirigeants réactionnaires de Pékin. Tout d'abord, la clique Pol Pot-Ieng Sary a déclenché très tôt la guerre de frontières entre le Viet Nam et le Kampuchea : immédiatement après la libération de Phnom-Penh, au début de 1975. Face à cette guerre qui lui a été imposée, le Viet Nam a nettement fait preuve de modération sur le plan militaire, et le monde entier a été témoin de ses efforts persévérants en vue de mettre fin au conflit au moyen de négociations pacifiques.[...]

Pendant ce temps, la clique Pol Pot-Ieng Sary s'est employée a intensifier la guerre contre le Viet Nam. Sur les vingt-trois divisions dont disposait alors l'armée du Kampuchea, la clique Pol Pot-Ieng Sary en a amassé dix-neuf à la frontière entre le Viet Nam et le Kampuchea. Incitant à la haine raciale à l'encontre du peuple vietnamien, elle cherchait fébrilement à réaliser ses visées d'invasion vis-à-vis de nombre de régions du Sud Viet Nam.[...] Comme tout autre pays se trouvant dans une situation semblable ne manquerait pas de le faire, le Viet Nam est déterminé à utiliser son droit de légitime défense, reconnu par la Charte des Nations Unies et par le droit international, pour défendre son indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale, et pour sauvegarder l'amitié traditionnelle entre le peuple vietnamien et le peuple Kampuchéen. Le Viet Nam est déterminé à repousser l'agression et à châtier les agresseurs, à anéantir les forces qui ont déclenché la guerre d'agression contre lui, de façon que ses ennemis ne puissent recommencer leurs activités agressives.[...]

J'en arrive maintenant à la guerre révolutionnaire du peuple Kampuchéen contre la clique Pol Pot-Ieng Sary. Le peuple du Kampuchea est un peuple héroïque et indomptable qui a lutté durant des décennies contre le colonialisme et le néo-colonialisme, contre l'agression de l'impérialisme et qui a remporté la victoire historique du 17 avril 1975. Après sa libération complète, le peuple du Kampuchea aurait pu jouir de la paix et du bonheur dans l'oeuvre consistant à panser les blessures de guerre et à assurer la reconstruction nationale. Mais la clique Pol Pot-Ieng Sary a dépouillé le peuple du Kampuchea de tous ses droits et a pratiqué des politiques inhumaines, transformant ce peuple heureux en esclaves et le pays en un immense camp de concentration. C'est pourquoi la levée en masse de tout le peuple du Kampuchea pour lutter contre le régime Pol-Pot-Ieng Sari est quelque chose d'inévitable [...]

La naissance du Front Uni pour le salut national du Kampuchea est le développement logique de la levée en masse de tout le peuple du Kampuchea, [...] la chute du régime Pol-Pot-Ieng Sari était inévitable parce que ce régime était abhorré et honni par tout le peuple du Kampuchea [...] La république socialiste du Viet Nam soutient fermement le front uni sur la base des principes du respect et de l'indépendance de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Kampuchea et de non-ingérence dans les affaires intérieures du Kampuchea. (34 SCOR (XXXIV), 2108ème séance, 11 janvier 1979., §115-116 ; §120 ; § 126 ; §128 ; §130).

Kampuchea

« Cette guerre est une pure guerre d'agression, d'annexion, de colonisation et d'hégémonisme régional déclenchée unilatéralement, arbitrairement et injustement par la République socialiste du Viet Nam contre le petit Kampuchea » (34 SCOR (XXXIV), 2108ème séance, 11 janvier 1979., §83)

Chine

« Le prétendu Front Uni pour le salut national du Kampuchéa n'est qu'une institution engagée et un sceau fabriqué par Hanoi avec des citoyens vietnamiens d'origine Kampuchéenne. Le but de Hanoi est de créer un prétexte « légitime » pour son agression contre le Kampuchéa et de préparer l'opinion publique à l'intervention d'un régime fantoche [ ...] Le fait inévitable, c'est qu'avec l'appui soviétique, le Viet Nam s'est livré à une agression armée flagrante et à grande échelle contre le Kampuchea démocratique, violant gravement l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale du Kampuchea démocratique, menaçant ainsi sérieusement la paix et la sécurité en Asie du Sud-Est, en Asie et dans le monde entier. » (déclaration de M. CHEN Chu, Nations Unies, Conseil de Sécurité, documents officiels, 34ème année, 2108ème séance du 11 janvier 1979, p. 2 §18 et p. 11 §100)

R.D.A.

« Ces objectifs [visant à la paix, à la liberté, à l'indépendance, à la dignité nationale et au progrès social] devraient également être salués et soutenus par tous ceux qui, auparavant, se répandaient en plaintes concernant les violations massives des droits de l'homme de la part du régime de Pol-Pot-Ieng Sary. C'est là vraiment la pierre de touche permettant de juger du sérieux de chacun quant à la lutte contre les violations massives des droits de l'homme » (34 SCOR (XXXIV), 2109ème séance, 12 janvier 1979., §68)

France

« Après avoir rappelé que la France avait « condamné à plusieurs reprises [...] les excès commis par l'équipe dirigeante de Phnom Penh dans ses efforts démiurgiques pour couler le Cambodge par la violence dans le moule imaginé par elle. L'idée selon laquelle l'existence d'un régime détestable pourrait donner un fondement à une intervention extérieure et légitimer son renversement par la force est extrêmement dangereuse, car elle aboutirait à la limite à remettre en cause l'existence même d'un ordre international en faisant dépendre du jugement de ses voisins le maintien de tout régime. Il importe donc à nos yeux que le Conseil affirme sans la moindre ambiguïté qu'il ne saurait entériner l'occupation d'un pays souverain par une puissance étrangère » (34 SCOR (XXXIV), 2109è séance, 12 janvier 1979., §§ 35,36)

« Le gouvernement français, qui n'a pour sa part jamais entretenu de relations avec le Kampuchea démocratique, n'entend pas pour autant en établir avec les autorités actuellement établies à Phnom Penh à la suite d'une intervention étrangère massivement condamnée par la communauté internationale » (réponse du Ministre des Affaires étrangères à Q.E. Boucheny, n°34892, J.O.-Sénat, 3 septembre 1980, p 3605, reproduit dans AFDI, 1979, p. 889)

Royaume-Uni

« Quoi que l'on puisse dire des droits de l'homme au Kampuchea, on ne peut excuser le Vietnam, dont les activités en matière des droits de l'homme sont déplorables, d'avoir violé l'intégrité territoriale du Kampuchea démocratique » (34 SCOR (XXXIV), 2110ème séance, 13 janvier 1979., §65)

« The Vietnamese invaded not as liberators but as occupiers, in flagrant contravention of the Charter of the United Nations » (Hansard, 6dec 1979, reproduit dans BYBIL, 1979, p386)

Portugal

« Il n'y a pas et il ne peut y avoir de considérations socio-politiques qui justifient l'invasion du territoire d'un Etat souverain par les forces d'un autre Etat, et même des actes de provocation ou la crainte d'une attaque imminente ne sauraient excuser un tel acte d'agression » (34 SCOR (XXXIV), 2110ème séance, 13 janvier 1979., §29)

Yougoslavie

« [...] inadmissibilité de toute forme d'intervention ou d'agression étrangères sous prétexte de désaccord sur le système interne socio-politique d'un pays ou sous tout autre prétexte » (34 SCOR (XXXIV), 2111ème séance, 15 janvier 1979., §132)

Etats-Unis

« [...] Mon gouvernement estime que nous devons retenir un fait actuel essentiel : les troupes d'un pays occupent maintenant le territoire d'un autre pays et ont imposé par la force des armes à celui-ci un nouveau gouvernement. Ce fait nous amène à la conclusion que la solution du problème dont nous discutons est claire : Le Viet Nam doit immédiatement retirer ses forces armées du Kampuchea, il doit respecter l'intégrité territoriale de ce pays et rendre crédible son intention de respecter l'intégrité territoriale des autres états de la région. [...] Quelle que soit l'origine ou la nature du soi-disant Front de salut qui prétend aujourd'hui gouverner le Kampuchea, il ne fait pas de doute que le Viet Nam a conquis son voisin. (34 SCOR (XXXIV), 2110ème séance, 13 janvier 1979., §74, 76).

Koweit

« [...] Ma délégation n'a nullement l'intention de défendre l'une ou l'autre des parties, mais il est évident, d'après les déclarations que nous avons entendues, que la situation est lourde de dangers qui menacent la stabilité dans la région [...] Que pouvons nous faire maintenant, compte tenu de telles circonstances ? Ma délégation est convaincue que les principes contenus dans la Charte doivent être réaffirmés avec force. Premièrement, mon gouvernement est contre l'ingérence de tout Etat dans les affaires intérieures d'un autre. C'est l'essence même de la Charte et c'est la base du droit international.» (34 SCOR (XXXIV), 2109ème séance, 12 janvier 1979., §8 et 9).

Norvège

« [...] La situation que nous voyons aujourd'hui au Kampuchea est un exemple de conflit armé, d'intervention étrangère et également d'ingérence dans les affaires intérieures d'un autre Etat en violation des principes fondamentaux de la Charte. Le conflit actuel a en outre des répercussions qui pourraient influencer la paix et la stabilité au-delà de la région même. Le gouvernement norvégien et l'opinion publique norvégienne ont manifesté de fortes objections contre les graves violations des droits de l'homme commises par le gouvernement Pol Pot. Cependant, la politique intérieure de ce gouvernement ne peut pas justifier les actes commis par le Viet Nam au cours des jours et des semaines écoulées. » (34 SCOR (XXXIV), 2109ème séance, 12 janvier 1979., §17 et 18).

Australie

« [...] Nous avons, néanmoins, appuyé pleinement le droit du Kampuchea démocratique à l'indépendance, à la souveraineté, et à l'intégrité territoriale. Comme d'autres gouvernements, nous ne pouvons accepter la thèse selon laquelle la politique interne d'un gouvernement quelconque, aussi répréhensible qu'elle soit, peut justifier une attaque militaire contre ce gouvernement de la part d'un autre gouvernement. » (34 SCOR (XXXIV), 2111ème séance, 15 janvier 1979., §25).

Japon

« [...] Etant donné le tour qu'a pris la situation au Kampuchea, il nous faut conclure que de toute évidence, des forces étrangères y sont mêlées de près. Le Japon déplore grandement cette ingérence étrangère ; ils estiment que toutes les forces étrangères devraient être retirées complètement et immédiatement du territoire Kampuchéen. » (34 SCOR (XXXIV), 2111ème séance, 15 janvier 1979., §18).

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