ANG DUONG : (Partie 8 et fin) La guerre pour chasser les troupes Annamites

Conclusion

En résumé Ang Duong est notre dernier Grand Roi qui a régné dans un Cambodge indépendant, en paix et avec un commencement de développement économique. Ang Duong avait comme précepteur Bandit Nong, le plus grand savant cambodgien de son époque. Ang Duong est aussi notre dernier roi à laisser de nombreux écrits dans notre langue. Pourquoi ne pas l’honorer à sa juste valeur par des études plus détaillées sur sa vie et son œuvre et surtout par l’érection d’un monument à sa gloire ?

Ang Duong nous a légué un Cambodge indépendant et prospère. L’Insurrection n Nationale de 1885 – 1886 ont empêché le pouvoir colonial de transformer notre pays en province de la Cochinchine. C’est à notre génération de transmettre à nos générations futures un Cambodge indépendant et encore plus prospère.

En terminant, nous tenons à rappeler le message suivant :

«Du moins pourra-t-on voir à cette occasion s’appliquer dans toute sa rigueur la théorie de la sélection naturelle ; car au cours des cinq ou six deniers millénaires, les peuples les plus doux, les plus aimables et les plus accueillants ont été exterminés ou condamnés à disparaître, tandis que prospéraient les groupements les plus belliqueux qui relevaient tour à tour le flambeau civilisateur. »[1]

 De nos jours les peuples les plus belliqueux sont, aussi, des peuples forts. La puissance d’un pays réside dans la puissance de son industrie. La puissance de l’industrie nationale réside dans le nombre des scientifiques et des ingénieurs, de bon niveau, formés par an. Dans les pays développés ce nombre est de l’ordre de 1 pour 1000 habitants, soit pour le Cambodge de l’ordre de 10 000 à 15 000 par an.

 De tout temps l'histoire est basée sur le rapport global des forces : économiques, militaires et politiques, surtout de nos jours. La puissance économique est à la base de la puissance militaire et politique. La puissance économique dépend du nombre de scientifiques et d'ingénieurs formés annuellement. Une entreprise où les ingénieurs et techniciens sont des étrangers, est-elle cambodgienne ? Les Vietnamiens viennent construire une centrale hydroélectrique au Nord-Est de notre pays, proche de leurs frontières, avec 51 % des capitaux. Y a-t-il des ingénieurs et techniciens cambodgiens ? L'électricité produite servira-t-elle à alimenter notre pays ? Ou à alimenter le Vietnam ? Qui fixera le prix de cette électricité ?

De nos jours, les échanges commerciaux entre le Cambodge et ses voisins, sont  ceux d’un pays agricole avec des pays industrialisés. Nous exportons des produits agricoles et nous importons des produits industriels, même l’électricité et l’essence aux prix forts. Nous payons l’électricité trois fois plus chère que cher nos voisins et l’essence le double. Ce qui pénalise d’une part nos produits et d’autre part contribue à l’enrichisse nos voisins gratuitement. Nous avons maintenant du pétrole, pourquoi ne pas construire une raffinerie de pétrole. Avant 1970, il y avait une raffinerie de pétrole près de Sihanoukville, utilisant du pétrole importé. A cette époque nous n’avions pas de pétrole, mais une raffinerie. De nos jours nous avons du pétrole, mais pas de raffinerie ! Quand aurons-nous à la fois du pétrole et une raffinerie ? Ainsi, jusqu’à présent, nous ne produisons qu’avec nos muscles et nos voisins produisent avec des machines inventées par leurs scientifiques et ingénieurs. Dans tout être vivant et plus particulièrement dans l’être humain, c’est le cerveau qui commande aux muscles. Dans les sociétés humaines, de nos jours, ce sont les peuples instruits qui commandent aux peuples ignorants. Les peuples ignorants travaillent pour enrichir les peuples instruits. Nous avons en principe une compagnie aérienne, mais le gérant, les aviateurs et les ingénieurs de maintenance sont des étrangers. Cette compagnie est-elle cambodgienne ?

Nous savons maintenant que notre sous-sol contient en abondance des minerais d'importance hautement stratégique comme le Titane, les Terres Rares et le Pétrole, entre autres. Avons-nous des scientifiques et des ingénieurs en nombre suffisant, pour participer à leur exploitation et à leur traitement ? Sommes-nous un pays sous développé où des puissances étrangères viennent piller nos richesses, laissant notre peuple vivre dans l'ignorance, la pauvreté et la maladie ? Pourquoi laisser notre enseignement universitaire entre les mains des étrangers, comme dans un pays sous développé ? Pourquoi les universités de lettre et plus particulièrement le département de l’histoire, sont laissés à l’abandon ?

Les scientifiques et les ingénieurs sont les généraux et les officiers de la guerre économique qui sévit actuellement, sans merci, dans le monde. Pour nous Cambodgiens, si nous perdons cette guerre, il y va de l’existence de notre pays.

L’histoire et la langue maternelle sont deux facteurs fondamentaux qui sont à la base de l’union d’un peuple. Ignorer l’histoire et mépriser la langue du peuple, la langue de nos parents et de nos ancêtres qui ont bâti la civilisation angkorienne, une des plus importantes du monde, c’est avancer vers l’avenir comme des aveugles sans mémoire.

Ang Duong avec notre peuple a libéré le Cambodge de l’occupation des armées de la cour de Huê. L’Insurrection Nationale de 1885 – 1886 a empêché l’intégration du Cambodge à la Cochinchine, c’est-à-dire empêché de devenir de nos jours une province vietnamienne. Notre génération a donc hérité un Cambodge Indépendant avec une des plus riches et importantes cultures du monde avec une langue qui assure sa pérennité. A notre tour, notre génération a le devoir sacré de nous unir pour défendre et pérenniser ces précieux héritages inestimables pour nos générations futures.

Au lieu de passer notre temps à accuser le passé et à nous plaindre, unissons-nous pour bâtir un Cambodge indépendant et prospère pour nos enfants.

(FIN)

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[1] « La Cité à Travers l’Histoire », Lewis Mumford. Editions du Seuil, Paris 1964, traduit de l’américain « The City in History », Page 39.