Les Cambodgiens malades de leur langue ACKF
C’est vrai que beaucoup de Cambodgiens ignorent la richesse de notre langue comme l’a si bien noté Denis Richer. Ce n’est pas nouveau, déjà avant 1970, lors d’un débat à la radio, Keng Vansak se plaignait de la pauvreté de notre langue. Le vénérable Chuon Nath, l’auteur du premier dictionnaire de la langue cambodgienne, lui répond que la langue cambodgienne est très riche, mais beaucoup de Cambodgiens l’ignorent. De nos jours il existe un dictionnaire cambodgien-anglais très bien documenté : "Modern Cambodian-English Dictionary" de Robert K. Headley Jr., Rath Chinn et Ok Soeum dp Dunwoody Press, Kensington, Maryland, USA, 1997 et maintenant un "Dictionnaire cambodgien-français" bien documenté de Père Rodineau. Ces dictionnaires sont destinés à traduire du cambodgien en anglais ou en français. Ils ne sont donc pas destinés à traduire de l’anglais ou du français en cambodgien. Ils ne sont pas, non plus destinés aux Cambodgiens qui ignorent notre langue. Pour le moment il n’y a pas encore un projet pour publier un dictionnaire sérieux anglais-cambodgien ou français-cambodgien. Ces dictionnaires ne répondent pas aux intérêts des grandes puissances. Aucun riche cambodgien ou aucun groupe de Cambodgiens n’y pense. Le dictionnaire Choun Nath reste encore le seul dictionnaire de ce genre. Il y a des efforts de certains de nos compatriotes pour y ajouter les mots nouveaux.
Au sujet des mots d’une langue : il est incontestable qu’il y a des emprunts réciproques entre voisins et aussi des mots venant de loin.
Michel Antelme (de père français et mère cambodgienne)
Denis Richer semble ignorer une caractéristique importante de notre langue, souvent ignorée des étrangers, c’est l’harmonie et la richesse des sons. Les Cambodgiens ont un sens inné de la beauté visuelle et auditive. Cette capacité artistique innée a été sentie par l’Américaine d’origine Suédoise Ingrid Muan, malheureusement décédée d’une mort mystérieuse en 2002 à 40 ans. Sous son impulsion, elle a créé l’Institut Reyum et développé l’art dans tous les sens du mot et aussi la langue cambodgienne. Après sa mort, Reyum périclite.
Il faut noter que les anciens textes cambodgiens sont écrits en vers et chantés en lisant. Combien de Cambodgiens savent-ils maintenant lire les textes écrits sur des feuilles de latanier ? Comment traduire "Meul Phnom Thom Theng Reng Roleuk" dans une autre langue ? Dans la prose de beaucoup d’écrivains cambodgiens il y a des images poétiques et musicales en même temps, impossible à traduire dans une autre langue. Heureusement il y a encore des écrivains cambodgiens qui savent encore utiliser la richesse poétique et musicale, harmonie de l’image et du son pour décrire en même temps un paysage et un sentiment profond évoqué par l’image.
Il y a aussi la richesse des accents. L’accent chantant de Siem Reap, probablement le parler de nos ancêtres angkoriens, est très connu et apprécié de l’ensemble de nos compatriotes. Un Cambodgien de Phnom Penh a épousé une fille de Siem Reap. Il demande à sa femme de l’insulter avec l’accent de sa province. Car le parler de Siem Reap est tellement chantant que même les insultes sont agréables à entendre. Les habitants de Siem Reap disent que les Cambodgiens de Phnom Penh parlent comme des chiens qui aboient. Cet accent de Siem Reap va-t-il disparaître avec l’afflux des étrangers ? Ce sera vraiment dommage. C’est une perte d’une partie de notre patrimoine culturel.
Ce qu’il y a de dangereux c’est que Richer pense déjà à romaniser notre langue ! La romanisation du vietnamien a été inventée par le jésuite Alexandre de Rhodes en 1650. Mais elle n’a été généralisée par le pouvoir colonial, que vers les années 1920, pour détacher la culture vietnamienne de la culture chinoise. Si le Cambodge perd son écriture, il perd aussi son identité culturelle. Notre écriture a été inventée au VIè siècle et c’est l’écriture la plus ancienne de notre région. Il ne faut jamais l'oublier. C’est couper à jamais, nos compatriotes des inscriptions sur pierre, de nos vieux manuscrits donc de nos racines culturelles. Ainsi sous prétexte de nous aider, ne cherche-t-on pas à nous couper de notre passé ? De notre histoire ?
Notre regretté savant Long Seam a travaillé dur, avec un faible salaire, avec l’aide de la fondation Toyota, pour sortir un précieux premier "Dictionnaire du Khmer Ancien" (Printed by Phnom Penh Printing House, 2000) où pour la première fois l’écriture du cambodgien ancien a l’honneur de figurer sans un dictionnaire. Il faut insister que nos inscriptions sur pierre n’aient encore jamais été traduites en cambodgien moderne. Alors comment s’étonner que nos compatriotes ignorent leur histoire ?
Au sujet des mots nouveaux. Rappelons que lors de la traduction des livres arabes en latin, on a dû soit utiliser les mots arabes comme "algèbre", soit inventer d’autres. De nos jours les savants inventent chaque jour des mots nouveaux qui plus tard deviendront des mots courants. C’est normal. Les Cambodgiens ont déjà utilisé le mot "sabou" pour savon, le mot "beurre" etc. Ils ont déjà adopté le mot "computer" pour ordinateur. Certes on a essayé d’imposer un mot savant pour "train", mais le peuple a adopté "roteas phleung". Ainsi c’est le peuple qui en fin de compte impose son vocabulaire dans le langage courant.
Il est normal qu’il y ait des emprunts réciproques dans le langage comme dans la cuisine par exemple. Michel Antelme est spécialiste des emprunts réciproques entre les langues cambodgienne et thaïlandaise. Il n’y a pas encore un spécialiste pour les langues cambodgienne et vietnamienne.
"Le vietnamien est une langue assez homogène ; il n’existe que deux dialectes, celui du Nord qui a six tons, et celui du Sud qui n’en a que cinq" ("Les langages de l’humanité" par Michel Malherbe, Ed. Seghers, Paris 1983, page 251). Cette diminution du nombre de tons n’est-elle pas dû à l’influence du cambodgien, langue sans ton ?
"Comme le coréen, le vietnamien peut utiliser deux systèmes de numération, mais si l’un est dérivé du chinois, l’autre est dérivé du khmer" (Idem page 252). Par exemple le mot "Av" pour vêtement pour couvrir le haut du corps, est d’origine cambodgienne (Claude Hagège). Au point de vue cuisine vietnamienne, celle du Sud est profondément différente de celle du Nord. Il faut savoir que les Cambodgiens ont inventé la fabrication des "Noum Banhchok", des vermicelles à partir de la farine de riz. Les Japonais l’ont goûté pour la première fois à Oudong. Et les ont appelées "Oudong". Donc tous les plats contenant ce "Noum Banhchok", comme le "Bo Buong" est d’origine cambodgienne. Comme le plat connu sous le nom de "Nem" n’est qu’un dérivé d’un plat chinois utilisé à Hanoi et modifié par les Cambodgiens. Dans un reportage télévisé, les Vietnamiens de Prey Nokor disaient que la cuisine vietnamienne est très influencée par la cuisine indienne, pour ne pas dire cambodgienne.
"Pour plus de sophistication, le Juan, au premier étage du Montreux Palace, sert de ces excellentes "World food", à la fois française, délicatement khmère et lémanique. A essayer pour découvrir un art culinaire d’un style nouveau." (Dans Paris Match du 15 août 2002, page 97 – 98, dans un article intitulé "En Suisse, Week-End sur le Léman, avec Berthe Morisot". La cuisine cambodgienne traditionnelle est très fine et utilise une grande quantité de plantes aromatiques. Malheureusement elle est très longue et difficile à cuisiner. Malheureusement il y a peu de Cambodgiens assez riches pour monter un restaurant avec une vraie cuisine cambodgienne. La cuisine thaïe n’est que de la mauvaise cuisine cambodgienne avec beaucoup de piments.
Au point de vue langue, Richer compare notre société actuelle à celle de l’Europe du moyen âge. C’est vrai. Mais, comment l’Europe a-t-elle évolué ? C’est principalement à l’invention de l’imprimerie. C’est l’imprimerie qui a détrôné le latin, en développant les langues vernaculaires, préludes aux naissances des nations européennes de nos jours. L’imprimerie en diffusant des livres permet la constitution de nombreuses bibliothèques universitaires et privées. Le savoir est à la portée d’un nombre croissant de personnes. Le latin, puis les traductions, ont permis aux savants européens de se communiquer et donc de connaître toutes les innovations et les découvertes. Nous citons un exemple concernant le développement de l’astronomie.
La première expédition autour du monde est entreprise par Fernand de Magellan (1480-1521) : commencée en août 1519 et terminée par le Basque El Cano le 8 septembre 1522. Ce voyage confirme la sphéricité de la terre, entrevue depuis l’antiquité. En consultant le journal de bord, l’équipage constate une journée de retard entre le calendrier espagnol et celui de l’expédition. Le savant polonais Copernic (1473–1543) en tire la conclusion que la terre tourne sur elle-même en 24 heures et pour ne pas subir les foudres du Vatican, publie quelques mois avant sa mort son célèbre traité où, pour la première fois il démontre la rotation de la terre et des autres planètes sur elles-mêmes et les rotations de la terre et des autres planètes autour du soleil. Ce système est complètement contraire à la religion chrétienne de l’époque.
La navigation se développe et sa sécurité dépend de la détermination de la position la plus exacte possible sur la sphère terrestre. D’où le développement de la cartographie et aussi de l’astronomie.
Après Copernic, c’est l’Allemand Johannes Kepler (1571–1630), en se basant sur les mesures très précises de son maître, le Danois Tycho de Brahé (1546–1601) qui pour la première fois énonce les lois sur la forme des orbites des planètes autour du soleil et sur les rapports entre les caractéristiques de ces orbites et la durée de révolution autour du soleil. Plus tard l’Anglais Isaac Newton (1642–1727) confirmera par sa théorie de l’Attraction Universelle les lois émises par Kepler par les seules mesures astronomiques. L’Allemand Albert Einstein (1879–1955) invente la théorie de la Relativité qui répond aux insuffisances de la théorie de Newton et qui jusqu’à maintenant n’est réfutée par aucune mesure astronomique.
La parole sert à transmettre des connaissances de génération en génération. Mais l’information tend à se perdre. L’écrit sert à transmettre plus durablement les connaissances, mais aussi à travers l’espace et avec les traductions entre les peuples, mais seulement pour la petite minorité qui sait lire et écrire. Avec l’imprimerie, le nombre des hommes qui savent lire et écrire augmente d’une manière considérable. L’imprimerie favorise aussi le développement des langues populaires qui deviennent des langues nationales. Par les traductions, c’est le développement des échanges des connaissances et des inventions entre les peuples d’Europe. C’est ce qui permet à l’Europe occidentale de dominer progressivement le monde.
C’est le tsar russe Pierre 1er le Grand (1672–1725) qui le premier a compris que la puissance de l’Europe occidentale réside dans ses connaissances. Il est le premier tsar russe à introduire ces connaissances en Russie par des traductions. Il a compris aussi que la puissance européenne réside aussi dans l’importance de ses ports et de sa marine. Il a donc créé le port de Saint-Pétersbourg, bâti sur un marécage. De nos jours la marine russe utilise toujours les codes édictés par Pierre le Grand. La tsarine Catherine II la Grande (née en Allemagne en 1729, tsarine 1762–1796) a continué l’œuvre de Pierre le Grand. Tous les grands noms de la littérature, de la musique et de la culture russe datent après cette époque. Après la débâcle de la Grande Armée napoléonienne dans sa Campagne de Russie (1812), l’armée russe défile à Paris après Waterloo (18 juin 1815). Léon Tolstoï (1828–1910) a décrit d’une manière romancée cette première grande victoire russe sur une puissante armée occidentale. Hitler fera la même erreur durant la seconde guerre mondiale (1939–1945).
Le deuxième pays à comprendre l’importance des traductions des œuvres maîtresse de la civilisation occidentale est le Japon de l’ère du Meiji (à partir de 1868).
Dès 1894 les armées japonaises mettent en déroute les armées chinoises en Corée puis en Mandchourie. Par le traité de Shimonoseki (17 avril 1895), la Chine doit céder au Japon : la Corée, la province de Lioadong avec Port Arthur et Dalian, Taiwan et les îles Pescadores. Puis le Japon gagne la guerre contre la Russie sur terre et sur mer par la destruction de la flotte russe de la Baltique commandée dans la bataille de Tsushima, entre la Corée et le Japon, en 1905.
La Chine a suivi le Japon, peu après sa défaite devant le Japon et commence à traduire en chinois les œuvres maîtresses de la culture occidentale. La naissance du problème national chinois est marquée par la proclamation de la République de Chine, le 1er janvier 1912, à Nankin, par Sun Yat-Sen (1866–1925). Il est considéré comme le père de la Chine moderne. Il est l’un des deux premiers médecins sortis de la faculté de médecine de Hong Kong. Il se marie, le 25 octobre 1915, au Japon avec Soong Ching-ling. Cette dernière (27 janvier 1893–16 mai 1981 à Pékin) est issue d’une riche famille bourgeoise. Elle est une des premières femmes chinoises à faire des études aux Etats-Unis. Elle fut la première femme chinoise aviatrice. Même durant la Révolution Culturelle, il y a à Pékin une équipe de traducteurs chinois et étrangers pour traduire entre autre des livres de la culture mondiale en chinois, dont les œuvres complètes de Shakespeare. Dans des petites villes chinoises, il y avait une encyclopédie en plusieurs volumes brochés (environ 1000 pages au total) des sciences et techniques.
Revenons à notre pays, Richer constate la pauvreté de notre langue parlée et encore plus celle de nos paysans, évaluée à environ 350 mots. Ponchaud reproche au manque de mots abstrait. Bien !
Comment remédier à cela ? Telle est la question fondamentale posée à nos compatriotes.
· D’abord il faut enrichir la langue de nos paysans. Comment ? Par la facilité des voyages vers des villes comme dans tous les pays du monde qui commencent à se développer. Il faut donc, d’urgence construire de bonnes routes à l’intérieur de notre pays, pour relier les villes entre elles et relier les villes aux villages, surtout aux villes et villages situés près de nos frontières.
Or le Japon, l’Australie, la Corée du Sud et les Etats-Unis nous aident :
a / à développer des centres industriels à nos frontières et à construire des bonnes routes pour faciliter les communications de personnes et le transport de marchandises de nos provinces frontalières avec nos voisins.
b / à construire des lignes électriques à haute tension venant de nos voisins pour électrifier nos provinces frontalières et même plus à l’intérieur. Or l’indépendance énergétique est une des conditions fondamentales de notre indépendance politique. Tous les pays développés veillent scrupuleusement à leur indépendance énergétique.
c / le Japon est en train de faire en sorte que nos provinces du Nord-Est soient rattachées au Vietnam. Les barrages hydroélectriques sont construits par les Vietnamiens. Les routes, voire des autoroutes sont construites d’Ouest en Est pour que nos richesses soient exportées par des ports vietnamiens.
Les luttes pour libérer notre pays de la domination vietnamienne, ne sont pas seulement d’ordre politique. Elles sont culturelles, linguistiques, économiques.
Se fier uniquement aux conseils des grandes puissances c’est accepter d’avance de subordonner totalement nos intérêts nationaux aux aléas des conflits d’intérêts de ces grandes puissances. Dans ce cas comment pouvons-nous nous unir dans ce combat contre la vietnamisation du Cambodge ?
Un peuple qui rejette sa langue, donc la pérennité de sa culture ; qui ne fait confiance qu’aux livres d’histoire du Cambodge, écrits par des étrangers, qui ignore donc l’histoire de son pays ; qui fait peu cas des problèmes économiques, qui ignore donc, notre dépendance déjà importante au point de vue économique et énergétique à l’égard de nos voisins et plus particulièrement du Vietnam. Comment dans ces conditions nous unir pour libérer notre pays de la dépendance grandissante du Vietnam à tous les points de vue ? Dénoncer la domination vietnamienne est-il suffisante ?
· Enrichir le vocabulaire des habitants des villes. Comment ? Il faut faire comme dans tous les pays développés du monde, y compris chez nos voisins. Enrichir notre vocabulaire vient des traductions en cambodgien des livres fondamentaux de la culture qui se mondialise aussi. Le vocabulaire aussi se mondialise. D’abord les mots scientifiques qui sont les mêmes dans toutes les langues. Richer, pour défendre la francophonie préconise la création des mots français pour remplacer les mots anglais. Mais qui utilise, par exemple le mot « toile » pour Internet ? Le mot week-end n’est-il pas déjà utilisé par le peuple français ? Les Cambodgiens utilisent déjà « computer » pour « ordinateur » et « bye bye » au moment de se quitter etc. Les Indonésiens et les Malais utilisent le « mathematica » alors que les Cambodgiens utilisent le mot « Kanittsas » etc. Il faut savoir que les équations mathématiques sont les mêmes dans toutes les langues.
Donc pour enrichir notre langue, nous avons besoin :
1 / De bons dictionnaires anglais – cambodgien, français – cambodgien utilisant le maximum de mots cambodgiens déjà existants.
2 / Des traductions en cambodgien des œuvres fondamentales de la culture mondiale et aussi des romans importants connus universellement, en utilisant au besoin le mot étranger quand il n’y a pas le mot cambodgien correspondant. C’est comme cela que se faisaient les premières traductions dans tous les pays développés du monde au début, comme en Russie, au Japon et en Chine par exemple. Les Vietnamiens ont vietnamisé les mots chinois.
3 / Développer la langue cambodgienne dans l’enseignement universitaire dans toutes les matières, en particulier, scientifiques. C’est la façon utilisée dans tous les pays développés. L’enseignement universitaire en cambodgien favorise la production des livres de vulgarisation scientifique pour les enfants et le peuple cambodgien. C’est la seule façon pour que les intellectuels et le peuple parlent la même langue. C’est ce qui se passe dans tous les pays développer dans le monde.
Déjà à l’étranger plus de 90 % des Cambodgiens de moins de 40 ans ne parlent plus notre langue. Plus de 90 % de familles cambodgiennes à l’étranger, on ne parle plus cambodgien à la maison. Combien des Cambodgiens de la génération suivante resteront cambodgien culturellement ? Dans ces conditions, comment ces Cambodgiens vivant à l’étranger peuvent-ils participer au développement de notre pays ? Ne sont-ils pas déjà perdus dans les luttes multiformes pour libérer notre pays de la domination étrangère, particulièrement vietnamienne ?
Publié par Khemara Jati